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Quand un citoyen veut en savoir plus sur sa presse


Ldfa

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Avant de renouveler mes abonnements à la presse, je me suis posé des questions sur les journaux que j'ai découverts récemment comme Les Jours, La Revue Dessinée, Basta !, etc. Sont-ils indépendants ? Que veut dire être indépendant, etc. J'ai donc décidé de regarder l'arrière-boutique des journaux auxquels j'étais abonné en plus de regarder celle des journaux auxquels je pensais m'abonner. Je partage ma démarche au cas où ça puisse inspirer quelqu'un⋅e. :)

Critères

Pour tenter une évaluation objective, j'ai choisi les critères suivants :

  • Qui possède le journal ? Structure juridique, actionnariat, qui peut entrer dans le capital, est-il possible d’entrer subitement dans le capital, etc. Ce critère est souvent considéré comme étant sans importance.

    • Or, on a bien vu le ménage opéré par Bolloré après son acquisition de Vivendi et donc de Canal+, comme la censure d'un reportage sur l'évasion fiscale permise par le Crédit Mutuel ou bien des têtes qui sont tombées suite à la diffusion d'un reportage sur le président togolais, pays dans lequel Bolloré à ses intérêts. De même, il ne se passe pas un mois sans que le Canard enchaîné n'expose les conséquences visibles de conflits d'intérêts. Dernier cas en date (20/12/2017) : une entrevue enjôleuse du PDG d'Atos alors en pleine OPA sur Gemalto, publiée par Le Parisien, propriété de Bernard Arnault… Ledit PDG est aussi administrateur de Carrefour, dans lequel Arnault est actionnaire, et président des gens qui décideront de l'usage de la fortune d'Arnault, proprio du Parisien, après son décès.
    • Un journal possédé par les journalistes qui y travaillent et/ou par son lectorat m'apparaît donc plus sain qu'un journal possédé par des poids lourds de l'industrie qui se comporteront comme des gestionnaires et viseront la rentabilité alors que l'information n'est pas un bien ou un service comme les autres, au même titre que le savoir ;
  • Le journal est-il un diffuseur de publicité ? La question est se sous-divise :

    • D'un côté, il y a évidemment la question de la qualité journalistique et donc de savoir qui vend quoi à qui : est-ce que le journal vend de l'information aux citoyen⋅ne⋅s ou est-ce qu'il vend le temps de cerveau des citoyen⋅ne⋅s à des annonceurs et participe ainsi à la société de la surconsommation, auquel cas le contenu prétendu journalistique n’est qu’un appât ? Il y a également le même jeu d'influence qu'avec l'actionnariat : retirer des budgets pub pour sanctionner un journal pénible, ça s'est déjà vu. Évidemment, un journal sans publicité m'apparaît tout aussi sain qu'un journal possédé par ses journalistes et/ou ses lecteur⋅rice⋅s alors qu’un journal débordant de pub m’apparaît aussi malsain qu’un journal possédé par un gestionnaire ;
    • D'un autre côté, avec les journaux numériques, il y a la question du flicage, c'est-à-dire savoir qui peut connaître ce que j'ai lu, quand, combien de temps, si j'y suis revenu et combien de fois, etc. Le flicage est nécessaire au fonctionnement de la publicité ciblée, mais l'absence de publicité ne garantit pas l'absence de flicage : téléchargement de polices de caractère ou de Javascript depuis Google, mesure d'audience, CDN, etc. Or, le flicage nuit au développement d'opinions (lire « Importance de la vie privée ») donc rend la lecture de la presse sans intérêt. Évidemment, un journal sans flicage m'apparaît plus sain qu'un journal dont XXXX partenaires / prestataires peuvent prendre connaissance de ce que j'ai lu ;
  • S'il s'agit d'un journal en ligne, propose-t-il un flux RSS ? C’est un critère purement pratique, mais si un logiciel peut m'éviter d'avoir à faire le tour du site web des journaux que je suis, je prends. Un flux RSS complet (avec le contenu entier des articles) m'apparaît plus utile qu'un flux RSS tronqué, notamment car il permet des recherches depuis un agrégateur de flux RSS sur des mots-clé qui ne sont pas forcément dans le titre d'un article ;
  • Le journal a-t-il reçu des aides financières de l'État et/ou de sociétés privées et/ou de fondations ? Régulièrement ou de manière éparse ? Tout comme l'actionnariat et la publicité, ce genre de liens permet la censure et l'auto-censure c'est-à-dire des journalistes qui se contentent inconsciemment de servir la soupe, car il⋅elle⋅s savent que leur rédac' chef refusera des papiers approfondis sur tel ou tel sujet et, comme il⋅elle⋅s sont payé⋅e⋅s, il⋅elle⋅s préfèrent se focaliser sur des sujets qu’il⋅elle⋅s pensent être approuvés par les supérieur⋅e⋅s, comme tout salarié⋅e qui a implicitement besoin de justifier son salaire ;
  • J'ai attribué des points bonus aux journaux qui ont des manières originales de procéder (licence creative commons, format et/ou temporalité qui sort de l’habituel, etc.).
  • J’accorde le moins possible ma confiance à des chartes, à de la déontologie, etc., car tout ça est à géométrie variable, n’a pas de valeur légale et que des journalistes qui outrepassent la charte de leur rédaction voire la Charte de déontologie de Munich, ça s’est déjà vu (exemples dans les deux points ci-dessous).

Évidemment, ces critères sont très insuffisants… Ils ne prennent pas en compte :

  • Les journalistes dits politiques qui font ami⋅e⋅s-ami⋅e⋅s avec les pouvoirs quels qu'ils soient, voire qui font partie de cercles mêlant politicien⋅ne⋅s, industriel⋅le⋅s et journalistes comme le groupe Bilderberg dans l'optique, prétendent-il⋅elle⋅s, de dénicher des infos. Je me dis qu'on peut réduire leur influence néfaste en lisant des journaux sérieux qui ne passent pas leur temps à commenter la dernière petite phrase prononcée par un⋅e politicien⋅ne ni à savoir qui a poignardé qui dans tel parti politique selon les dernières rumeurs ;

    • Autre source de conflit d'intérêts : les ménages… La pluralité médiatique couplée à des journaux qui font autre chose que servir la soupe permet de prendre connaissance d'une partie de ces liens, mais c'est la pointe de l'iceberg, à mon avis… ;
  • Le ministère de la Culture qui ne publie plus l'intégralité des aides publiques à la presse, notamment l'aide postale. De même, d'autres aides publiques ou privées existent comme le fonds de soutien aux médias de proximité, le fonds d’aide au développement des services de presse en ligne, toutes deux en provenance du ministère de la Culture, l'effacement d'une dette d'un journal, les emplois aidés (le journal CQFD employait au moins une personne sous ce régime), les emplois tremplin, le CICE (Marianne en a bénéficié au moins en 2014), les fondations privées, les sociétés privées comme Google et son Fonds pour l'Innovation Numérique de la Presse ou sa délégation de la chasse aux fake news, etc. Tout cela est distribué et reçu dans une grande opacité… Même les journaux qui publient leurs comptes restent évasif sur combien ils ont reçu, de qui, pour quel usage, quelle proportion de leurs revenus cela représente-t-il, etc. C’est plutôt affligeant ;
  • Les publireportages, dont certains n'ont pas l'étiquettage légal et sont très bien dissimulés. De même, quid des produits culturels conseillés dans les journaux ? Véritable critique ou mise en lumière (secrètement rémunérée ou non, ce n'est même pas la question) d'un⋅e ami⋅e ou d'une personne que la caste journalistique à décider de mettre en avant ? Cela s'est déjà vu. Quid des bons plans ? Véritable bonne affaire pour le⋅a lecteur⋅rice ou versement d'une commission par le⋅a vendeur⋅euse au journal ?

Évaluation

Le Canard enchaîné

  • Qui le possède ?

    • Forme juridique : SAS
    • Actionnaires : seul⋅e⋅s les journalistes salarié⋅e⋅s détiennent des parts ainsi que les ex-salarié⋅e⋅s qui n'ont pas de mandat dans une autre société de presse ainsi que des personnes morales appartenant à des (ex)-salarié⋅e⋅s et dont l'objet est compatible avec le Canard. La liste des actionnaires ne semble pas être disponible dans les documents mis à disposition par Infogreffe ;
    • Verrouillage ? : Le capital est verrouillé : seul le Comité d'Administration peut décider, à la majorité, de la cession d'actions à des tiers ou entre associé⋅e⋅s. Cette restriction peut disparaître des statuts de la société à l'unanimité des associé⋅e⋅s ;
  • Publicité ? :

    • Publicité : non ;
    • Flicage : journal papier, pas concerné ;
  • Flux RSS : journal papier, pas concerné ;
  • Aides financières : environ 557 k€ de tarif postal préférentiel par an entre 2012 et 2013, puis environ 413 k€ en 2014.

Bilan : tous les voyants sont au vert, sauf celui des aides financières qui est en orange. Seulement orange, car l'aide postale n'est pas une aide directe : il faut déjà que le journal soit produit, soit en état de marche, pour en bénéficier.

Fakir

  • Qui le possède ?

    • Forme juridique : association loi 1901 ;
    • Actionnaires : ne s'applique pas ;
    • Verrouillage ? : j'ai trouvé comment devenir « Fakirien », c’est-à-dire correspondant local pour les actions militantes, mais je n'ai pas trouvé comment adhérer à l'association ;
  • Publicité ? :

    • Publicité : non
    • Flicage : journal papier, pas concerné ;
  • Flux RSS : journal papier, pas concerné ;
  • Aides financières : environ 13 k€ d'aide publique directe à la presse en 2015.

Bilan : tous les voyants sont au vert sauf celui des aides financières qui est au rouge.

Siné mensuel

  • Qui le possède ?

    • Forme juridique : SARL
    • Actionnaires : la veuve et les enfants de Sinet (70 %), Véronique Brocard (journaliste/rédactrice en chef, ex-Libération et ex-Télérama, conseil de surveillance du Monde, fondatrice des « Les Archives du présent »), Christian Duplan (journaliste à Marianne ?), Anne Tricaud (inconnue ? Elle porte néanmoins le même patronyme que l'avocat qui avait défendu Siné lors de son éviction de Charlie Hebdo, Me Dominique Tricaud), Sybille Fasso (adjointe chargée des affaires sociales à la mairie du 10e arrondissement de Paris ?), Éric Berger (inconnu ou acteur ?). De plus, Olivier Landau, le gérant (pas actionnaire) semble être au CA d'Ars industrialis, think-tank de Bernard Stiegler, économie contributive, tout ça ;
    • Verrouillage ? : oui, toute cession de parts se fait avec l'accord des détenteur⋅rice⋅s d'au moins 3/4 du capital (en cumulé). La veuve et les enfants Sinet, en gros ;
  • Publicité ? :

    • Publicité : non ;
    • Flicage : journal papier, pas concerné ;
  • Flux RSS : journal papier, pas concerné ;
  • Aides financières : environ 32 k€ d'aide publique directe à la presse en 2015.

Bilan : tous les voyants sont au vert sauf celui des aides financières qui est au rouge.

Marianne

  • Qui le possède ?

    • Forme juridique : SA
    • Actionnaires : la liste des actionnaires ne semble pas être disponible dans les documents mis à disposition par Infogreffe. Yves de Chaisemartin, ancien de la direction de la Socpresse, 4e groupe de presse français, détenteur alors du Figaro, posséderait 86 % du capital. La direction actuelle se connaît depuis le Figaro et se retrouve dans des think-tank orienté à droite ;
    • Verrouillage ? : oui, toute cession de parts se fait avec l'accord du CA ;
  • Publicité ? :

    • Publicité : oui. L'abonnement « 100 % numérique » permet apparemment de s'en débarrasser : « l'abonnement 100% numérique, qui vous permet d'accéder au journal sous forme de liseuse ainsi qu'aux articles de Marianne sur tous vos écrans, sur un site débarrassé de toute publicité […] » ;
    • Flicage : le HTTPS saute d'une page à l'autre. Présence de régies publicitaires, de CDN, de Google Analytics, polices de caractère récupérée depuis Google, ,… Joli florilège… ;
  • Flux RSS : oui, complet ;
  • Aides financières : environ 1,5 M€ d'aide postal en 2012, puis environ 1,3 M€ en 2013 puis environ 846 k€ en 2014 + environ 184 k€ d'aide publique à la presse en 2012, puis environ 251 k€ en 2015 + environ 71 k€ de CICE en 2014 + des prêts et subventions complémentaires de l'État…

Bilan : voyant orange pour l'actionnariat qui dépend d'un homme qui n'est pas journaliste mais gestionnaire. Voyant orange pour la publicité à cause de l'arsenal de flicage. Voyant rouge tendance écarlate en ce qui concerne les aides financières dont ce journal semble dépendre cruellement ;

Mediapart

Bilan : voyant vert pour l'actionnariat même si je constate une certaine proximité des gros de l'informatique (la SSII Econocom, les fonds d'investissement tech, etc.) et des pubards, d'où j’en déduis un risque de proximité avec les cercles de pouvoir. Voyant publicitaire en orange en raison du flicage. Voyant orange pour les aides financières (pas rouge car ça date donc, tout comme l'actionnariat, on peut admettre un début qui ne va pas dans le bon sens suivi d'une envie de s'en sortir, de faire autrement et mieux).

Numerama

  • Qui le possède ?

  • Publicité ? :

    • Publicité : oui ;
    • Flicage : HTTPS OK mais présence de Google, estat, criteo … ;
  • Flux RSS : oui, mais tronqué ;
  • Aides financières : je n'ai rien trouvé.

Bilan : voyant vert pour l'actionnariat même si je me méfie de la proximité avec le milieu de la pub et celui de la startup nation chère à Macron. Voyant au rouge pour la publicité + le flicage, bien entendu. Voyant au vert pour les aides financières.

Next INpact

  • Qui le possède ?

    • Forme juridique : SARL
    • Actionnaires : fondateurs, salariés et ex-salariés. 76 % détenu par Christophe Neau depuis l'origine, 10 % par Christophe Buton, 5 % par la société Paco (:D ), 5 % par Marc Reiss, 2 % par Vincent Audigier, 2 % par Tristan Croiset (depuis son passage chez Next Inpact durant ses études, il a fondé Karos, appli de co-voiturage dont NextInpact a parlé uniquement dans une brève neutre) ;
    • Verrouillage ? : oui, toute cession de parts à des tiers se fait avec l'accord des détenteur⋅rice⋅s d'au moins 3/4 du capital (en cumulé), donc tout repose sur Christophe Neau ;
  • Publicité ? :

    • Publicité : non (une fois abonné⋅e) ;
    • Flicage : HTTPS OK, rien, à part un bout de JavaScript de la régie publicitaire interne. Bouton « Désactiver tous les trackers », prise ne compte de Do Not Track, bref, long travail pour limiter le flicage. On pourra tout de même signaler l'usage de Cloudflare et de Microsoft Azure ;
  • Flux RSS : oui, complet (abonné⋅e) ;
  • Aides financières : je n'ai rien trouvé. Notons que les revenus proviennent également de la diversification : affiliation (bons plans), comparateurs de prix, etc. Le journal expose, entre autres, la séparation des activités commerciales et éditoriales afin d'éviter tout problème… Comme j’l’ai dit en intro : ça veut ce que ça vaut ;
  • Point bonus pour tous les efforts tentés autour de l'idée de presse réellement indépendante, de régie publicitaire interne, de désactivation du flicage, etc.

Bilan : un sans-faute, voyants vert à tous les critères.

Pixels dans Le Monde

  • Qui le possède ?

    • Forme juridique : SA
    • Actionnaires : depuis la mort de Berger, 72,5 % est détenu par Niel (Illiad), Pigasse (banque Lazard) et Prisa (groupe de presse majeur en Espagne donc Telefonica, Amber Capital, famille Polanco). 25,4 % par Le Monde partenaires et associés (société civile, société des rédacteurs, société des lecteurs, etc.) + Le Monde indépendant (le tout étant chargé de veiller à l'indépendance du Monde… vaste programme) ;
    • Verrouillage ? : je n'ai pas cette info. Le Monde partenaires et associés et Le Monde indépendant (qui forment le pôle indépendance) ont l'air d'être inaliénables, de pouvoir empêcher l'entrée d'un acteur qui aurait plus d'un tiers des actions et continuent de constituer une minorité de blocage ;
  • Publicité ? :

    • Publicité : oui ;
    • Flicage : HTTPS défectueux (à cause de contenus non HTTPS insérés dans du contenu HTTPS), Google, xiti, protection de vidéo Ultimedia, liens sponsos outbrain, et d'autres … ;
  • Flux RSS : oui, mais tronqué ;
  • Aides financières : environ 19 M€ en 2012 (directe + aide postale), environ 16 M€ en 2013 (idem), environ 13 M€ en 2014 (idem), environ 1,6 M€ d'aide directe en 2015 + environ 404 k€ (cumulé) du Fonds pour l'Innovation Numérique de la Presse de Google en 2013 et 2014 + une somme encore inconnue provenant de Facebook pour la délégation de la chasse aux fake news.

Bilan : tous les voyants sont au rouge… Actionnaires gestionnaires, actionnariat hyper complexe à dénicher et à comprendre, publicité et flicage, subventions à gogo…

Reflets.info

  • Qui le possède ?

    • Forme juridique : SAS
    • Actionnaires : 87 % Kitetoa (journaliste, ex-Transfert, pigiste au Canard enchaîné, etc.), 13 % Bluetouff (hacker, activiste, militant pour les libertés numériques, etc.) ;
    • Verrouillage ? : oui, toute cession de parts à des tiers se fait avec l'accord de l'Assemblée Générale des actionnaires ;
  • Publicité ? :

    • Publicité : non ;
    • Flicage : HTTPS OK, mais police de caractère et jquery récupérés depuis Google, stripe (intermédiaire de paiement) , appels à WordPress.com … ;
  • Flux RSS : oui, mais tronqué ;
  • Aides financières : je n'ai rien trouvé ;
  • Point bonus pour le journalisme d'opinion (subjectivité, défense d'une ligne éditoriale et de valeurs, réflexion générale sur l'état du monde, etc.), clairement assumé, même si je le trouve parfois lourd, notamment dans le ton.

Bilan : voyants au vert avec une réserve sur le flicage : il n'est probablement pas volontaire, il est probablement causé par l’intégration de la gestion des abonnements dans la structure d’un WordPress, mais ça reste quand même pas cool.

Les Jours

  • Qui le possède ?

    • Forme juridique : SAS
    • Actionnaires : L'actionnariat est affiché sur le site web, même si je trouve qu'il faut vraiment creuser pour le trouver.

      • On a donc 82 % du capital pour 8 ex-journalistes de Libération (qui ont fuit le rachat par Drahi), Olivier Bertrand, Nicolas Cori, Sophian Fanen, Raphaël Garrigos, Alice Géraud (femme de Fabrice Arfi, de Médiapart :) ), Antoine Guiral, Isabelle Roberts et Charlotte Rotman ainsi qu'un directeur financier et technique chez Moxity (billeterie en ligne).
      • À cela s'ajoute des petits actionnaires qui ont parfois le bras long : 6,52 % Anaxago (financement participatif), 3,2 % Niel (Illiad), 2,24 % Olivier Legrain (ex-Materis, ex-Lafarge, ex-Rodia, Parrot, etc.), 1,37 % Jean-François Boyer (le producteur et ex-conseiller dans les ministères Culture, Santé et Environnement ?), 1,14 % Marc-Olivier Fogiel (l'animateur), 0,91 % Pigasse (banque Lazard), 0,91 % Pierre-Antoine Capton (producteur, C'est à vous, etc., poto de Niel et Pigasse pour constituer un groupe de médias, Mediawan, avec Pierre Lescure en président du conseil de surveillance ;) ), 0,82 % Amis et famille des fondateur⋅rice⋅s, Hervé Chabalier (CAPA ?), 0,23 % Jean-François Guichard (management).
      • Une société des lecteur⋅rice⋅s est en cours de création, mais elle n'est pas encore entrée dans le capital ;
    • Verrouillage ? : oui, toute cession de parts se fait avec l'accord des détenteur⋅rice⋅s d'au moins 2/3 du capital (cumulé) ;
  • Publicité ? :

    • Publicité : non ;
    • Flicage : HTTPS OK, mais Google Analytics, police de caractères récupérée à l’extérieur, CloudFlare ;
  • Flux RSS : Oui, mais tronqué ;
  • Aides financières : je n'ai rien trouvé d'autre que ce que le journal expose lui-même : « 50 k€ de la bourse d’émergence, nouveau fonds public destiné aux entreprises de presse innovantes, 200 k€ Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles » ;
  • Point bonus pour le format : ça me tente bien de découvrir des dossiers sur du temps long et articulés sous forme de séries (même si, à première vue, ça ressemble à ce que d’autres journaux nomment dossier ou rubrique genre Reflets.info).

Bilan : voyant au vert pour l'actionnariat même si j'émets des réserves vu la forte connivence avec le PAF. Voyant orange pour le flicage. Voyant rouge pour les subventions.

Basta !

  • Qui le possède ?

    • Forme juridique : association loi 1901 sans but lucratif
    • Actionnaires : ne s'applique pas ;
    • Verrouillage ? : je n'ai pas trouvé comment adhérer à l'association ;
  • Publicité ? :

    • Publicité : non ;
    • Flicage : HTTPS OK, mais Google Analytics, police de caractère servie par Google, Creative Commons ;
  • Flux RSS : oui, mais tronqué ;
  • Aides financières : environ 105 k€ du Fonds pour l'Innovation Numérique de la Presse de Google en 2014, environ 87 k€ de subventions publiques en 2016. Les subventions publiques et les donations de fondations représentent environ 60 % des revenus… ;
    <br /
  • Point bonus pour la mise à disposition des contenus sous une licence Creative Commons CC-BY-NC-ND (et encouragement à virer les clauses ND a minima voire NC).

Bilan : voyant vert pour la possession du journal. Voyant orange pour le flicage. Voyant orange pour les aides financières (pas rouge pour la même raison que Mediapart : je perçois une envie de s'améliorer dans un contexte pas simple) ;

Contrepoints

  • Qui le possède ?

    • Forme juridique : association loi 1901
    • Actionnaires : ne s'applique pas ;
    • Verrouillage ? : je n'ai pas trouvé comment adhérer à l'association ;
  • Publicité ? :

    • Publicité : oui ;
    • Flicage : HTTPS OK, mais régies de pub, Google, Criteo, WordPress, Gravatar, scripts Facebook et LinkedIn, etc. … … … ;
  • Flux RSS : oui, mais tronqué ;
  • Aides financières : je n'ai rien trouvé ;

Bilan : tous les voyants sont au vert, sauf celui pour la pub et le flicage qui est en rouge tendance écarlate.

Politis

  • Qui le possède ?

    • Forme juridique : SAS
    • Actionnaires : la liste des actionnaires ne semble pas être disponible dans les documents mis à disposition par Infogreffe. Pas simple de trouver autre chose que Wikipédia ou Acrimed : association Pour Politis (65 % du capital), Christophe Kantcheff (journaliste), Denis Sieffert (journaliste, spécialité conflit israélo-palestinien, apparemment)), Pascal Boniface (géopolitologue, spécialité conflit israélo-palestinien, apparemment), Laurent Chemla (Gandi, Mediapart, Altern, etc.), Valentin Lacambre (Gandi, Altern, etc.) et Jean-Louis Gueydon de Dives (Fondation pour une Terre Humaine, parrain et dirigeant de Kokopelli, l'asso écolo visiblement en manque de fibre sociale) ;
    • Verrouillage ? : oui, toute cession de parts à des tiers se fait avec l'accord des détenteur⋅rice⋅s représentant au moins la moitié du capital (cumulé) ;
  • Publicité ? :

    • Publicité : oui ;
    • Flicage : HTTPS OK, mais régies publicitaires, police de caractères chez Google, Cloudflare…;
  • Flux RSS : oui, mais tronqué ;
  • Aides financières : 151 k€ d'aide publique directe en 2015 ;

Bilan : voyants au rouge sauf pour la publicité et le flicage.

Arrêt sur images

  • Qui le possède ?

    • Forme juridique : SASU
    • Actionnaires : Daniel Schneidermann
    • Verrouillage ? : Bin… de fait, actionnaire unique :D ;
  • Publicité ? :

    • Publicité : non ;
    • Flicage : HTTPS, mais flicage Google Analytics, Facebook, Ownpage… ;
  • Flux RSS : oui, mais tronqué. Plusieurs flux sont disponibles pour suivre uniquement certaines rubriques :) ;
  • Aides financières : je n'ai rien trouvé.

Bilan : tous les voyants sont au vert sauf celui du flicage qui s'allume en orange.

La Revue Dessinée

  • Qui le possède ?

  • Publicité ? :

    • Publicité : non ;
    • Flicage : journal papier, pas concerné ;
  • Flux RSS : journal papier, pas concerné ;
  • Aides financières : je n'ai rien trouvé ;
  • Point bonus pour le format (dessin et temps long).

Bilan : tous les voyants sont au vert malgré quelques réserves sur d’éventuels papier sur le monde de l’édition ou de la finance

Au final

On s'aperçoit bien vite qu'à part La Revue Dessinée, Next INpact et Reflets.info, aucun journal ne satisfait totalement à mes critères… Et encore, j'ai majorité Reflets sur le flicage vu les efforts produits… Et, si ça se trouve, je n'ai pas tous les éléments pour trancher sans me faire enguirlander (genre les aides financières…).

À l'inverse, la rubrique Pixels du Monde est la seule à être exclue par mes critères… Marianne n'est pas loin de l'exclusion, mais j'ai envie de tester son contenu, parce que j’en ai entendu du bien, même si, a priori, ma notation ne présage rien de bon…

Pour avancer, j'ai décidé de ne pas laisser passer les journaux financés par la publicité. Je pense qu'elle est plus nocive que quelques subventions raisonnables et tout autant nocive qu'un actionnariat de connivence. Ainsi, Contrepoints, Numerama et Politis passent à la trappe.

  • Comme Numerama ne propose pas de modèle payant (sinon il passerait à la trappe dans l'état actuel) et produit parfois de bons papiers, je souhaite continuer à le suivre ;
  • Politis ne laisse pas le choix et impose un péage. Tans pis ;
  • Contrepoints m'ennuie. D'un côté, afin de développer mon esprit critique, je souhaite lire un peu plus de prose orientée à droite, pro-libéralisme économique, pro-mondialisation, pro-individualisme, tout ça. De la prose de qualité, j'entends, pas BFM TV. Contrepoints est le moins mauvais de ce que je connais (Figaro, Les Echos, Le Point, L'Express, etc.). De l'autre côté, je ne peux pas accepter de payer pour de la pub et du flicage…

À ce jeu-là, on se rend compte qu'on n'a toujours pas de journalisme d'investigation et qu'il va falloir lâcher du lest sur les aides financières pour que certains puissent passer mes critères.

  • Je peux admettre que l'aide postale n'est pas dangereuse (pour la raison expliquée au début de ce shaarli que même si ça finance un journal, il faut déjà être capable de le produire avant de l'envoyer ;) ). Hop, le Canard enchaîné satisfait à ce critère.
  • Je peux admettre que des aides financières sont acceptables dans une démarche affichée de diversification des revenus. Hop, Basta !, qui, de plus, indique que ces aides servent principalement à son observatoire des multinationales, Mediapart et Les Jours satisfont à ce critère.
  • Je ne souhaite pas me priver d'un journalisme généraliste d'opinion (subjectivité, défense d'une ligne éditoriale et de valeurs, réflexion générale sur l'état du monde, etc.) clairement affiché et assumé. Surtout quand ils ont touché des subventions pour une seule année. Hop, Fakir et Siné mensuel passent ce critère. D'autant plus que je ne les ai pas encore assez lus pour décider clairement si je continue à les lire ou non ;

Force est de constater qu’il y a encore énormément de boulot pour que nos lectures en ligne ne soient plus fliquées… Dans ce contexte-là, à quoi bon se priver de Mediapart, Les Jours, Basta !, et Arrêt sur images ? J'espère quand même que la situation va s'améliorer. Par contre, je pense qu'il est normal de récompenser ceux qui font un effort. Ainsi, je paierai plus cher mes abonnements à Next INpact et à Reflets.info.

Voilà, compromis trouvé dans la douleur…

Conclusions

  • La presse a clairement un gros problème de modèle économique et d’indépendance, c’est clair et on commence à peine à voir émerger des alternatives, finalement (oui, fin des années 2000, c’est très récent). Je n’avais pas mesuré à quel point ce problème était gros. Ces recherches me donnent l’impression d’avoir un panorama des mauvaises pratiques et d’avoir des exemples de problèmes très concret ;
  • Je note que, comme dans les autres secteurs (agro-alimentaire, fourniture d’éléctricité, etc.), le milieu de la presse est opaque.

    • Difficile de savoir combien a reçu tel journal de la part de qui… Toutes les aides publiques ne sont pas rendues publiques (!!!) et les aides privées sont visibles avec une transparence des comptes qui semble être plutôt absente, en moyenne ;
    • Difficile également de vérifier soi-même l’actionnariat d’un journal : il ne suffit pas de télécharger les Statuts sur Infogreffe, il faut récupérer les procès-verbaux des assemblées et des conseils d’administration… et pas seulement ceux qui ont pour thématique une augmentation / réduction du capital (l’erreur que j’ai commise)… Et à 11,11 € la copie numérique d’un document (!!!), la facture monte très très vite ;
    • Difficile encore de récupérer les statuts des associations éditrices d’un journal puisqu’il faut envoyer un courrier à la préfecture, les démarches numériques n’étant pas encore prêtes à ce niveau-là… ;
    • Difficile, enfin, d'avoir le temps d'étudier sérieusement tout ça et de réellement savoir ce que l'on mange (intellectuellement parlant). J'en suis à 5 après-midi complets et 2 soirées de travail… Et je n'ai fait qu'égratigner l'actionnariat des journaux étudiés. Je suis sûr qu'il y a moyen d'aller plus loin et d'établir une cartographie des réseaux de connivence, de pouvoir, d'influence et des castes qui se cachent derrière chaque journal.
  • Plus que jamais, je constate que la pluralité de la presse est fondamentale et vitale, car elle permet aux journaux de mettre en lumière les erreurs, les mises en scène et les fautes de leurs petits camarades de jeu… À condition que les actionnaires des gazettes ne soient pas tous ami⋅e⋅s (même ponctuellement dans l’optique de servir leurs intérêts industriels ou politiques ou culturels ou…)… d’où l’indépendance est tout aussi fondamentale et vitale. Sans la pluralité et l’indépendance, je n’aurai pas pu trouver autant d’infos sur les mauvaises pratiques des uns et des autres et sur les aides financières reçues par les uns et par les autres.

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