Aller au contenu

Une lettre d'amour pour le Zen Browser by Benjamin Bouvier


Messages recommandés

Posté(e)

image.png

durée de lecture : 16 min

Comment je suis passé de Firefox comme navigateur Web principal au Zen Browser.

grandeur et décadence des pandas roux

Longtemps, j’ai utilisé le navigateur Web Firefox de bonne heure. Depuis mon adolescence, environ. À l’époque, parce qu’il révolutionnait les performances dans les navigateurs, face à Internet Explorer 6, permettant de naviguer à toute vitesse, avant que Google Chrome n’arrive et ne chamboule tout. Plus tard, je suis parti pour Chrome, finalement revenu pour Firefox, pour ses promesses quant à la protection de la vie privée des utilisateur·ices, son absence d’intérêts commerciaux à la direction de Mozilla. Encore plus tard, j’ai même eu la chance de travailler pour Mozilla, d’apprécier la puissance intellectuelle [1] des devs de Firefox et des autres produits de Mozilla, de pouvoir discuter avec les divers PDG, voire l’une des personnes à l’origine de l’initiative Mozilla Mitchell Baker.

Mais tout n’a pas été rose tout du long. Même en tant qu’utilisateur, j’ai eu plusieurs fois des remontées acides, des grimaces de dégoût, et ce, indépendemment de mon licenciement économique en 2020 (causé par La Crise™, qui frappait fortement le monde de la publicité du fait des confinements liés au COVID19). Le rachat de Pocket a été pour moi très marquant : un produit pas open-source, qui a galéré à le devenir complètement (de mémoire, la mise à disposition du code serveur est arrivée au cours de l’année 2024, quasiment plus de 10 ans après le rachat). Pendant ce temps-là, une autre équipe en interne avait créé une liste d’articles à lire plus tard, directement intégrée dans le navigateur. Cette même équipe était en train de créer des fondations techniques très solides et une vision cohérente pour une éventuelle plateforme de cloud personnel, à une période où je rêvais d’un Nextcloud ou d’un CozyCloud pour tous·tes, et où je me racontais que Mozilla avait la possibilité de vraiment changer les choses. Si seulement nous mettions à disposition des services cloud personnels estampillés Mozilla, absolument tout libres, infogérés par Mozilla, nous aurions même un angle business possible derrière ça : fournir quelques méga- ou giga-octets de stockage gratuit, puis faire payer les suivants. Mais d’autres décisions techniques et organisationnelles m’ont également marqué. Les virages et détours au sujet de Firefox OS, qui a finalement vécu sa meilleure vie une fois extirpé de Mozilla. Le choix de désinvestir dans Rust et Servo (un moteur de navigateur réécrit de zéro, en Rust), quand d’autres projets qui me semblaient moins prometteurs mais beaucoup plus « dans l’air du temps » (entendez : 🤮 metaverse 🤮 ou IA 🤮 déjà) ont été largement préférés. Pas besoin de revenir sur les différents épisodes, ou de trop me justifier ; disons que les derniers en date, notamment la cacophonie sur la notice liée à la vie privée, et l’arrivée d’IA nativement intégrée, ont un peu fini de me dégoûter, et ont rendu très compliqué pour moi le fait de continuer de défendre Mozilla malgré tout.

Parce que oui, je continuerai à défendre l’outsider Mozilla, tant au niveau technologique ou au niveau organisationnel. Technologique, parce que c’est l’un des trois derniers participants à encore créer un moteur de rendu, en gros toute la machinerie qui permet de faire un navigateur Web, et l’un des deux à tenter de combattre l’hégémonie de celui de Google. Organisationnel, parce qu’il s’agit (toujours, malgré tout) d’une entreprise « à mission »[2] adossée à une fondation. Pas d’actionnaires auprès de qui il serait nécessaire de rendre des comptes ou d’offrir des dividendes ; pas d’objectif de s’enrichir à milliards. Juste une nécessité de gagner assez d’argent pour se maintenir en vie, et faire des trucs™ : payer les devs, proposer des initiatives d’éducation populaire au numérique et aux enjeux de protection de la vie privée.

Du moins, ça c’est là où je les attendrais ; en pratique, l’entreprise a tendance à s’éparpiller, à s’accrocher à n’importe quel qualificateur porteur de hype de la Silicon Valley, et essayer d’en tirer un profit pour se désolidariser du financement de Google pour la publicité offerte. D’où le metaverse ; d’où les initiatives un peu surprenantes sur l’IA. Je comprends le pourquoi et partage la motivation de prendre de la distance par rapport au financement via Google. Ça en devient absurde : aux USA, des procès antitrust ont actuellement lieu pour empêcher Google de financer les navigateurs à coups de millions pour être le moteur de recherche principal, ce afin de permettre aux autres moteurs de recherche d’être plus compétitifs™. Mais c’est une telle source de revenus pour Mozilla, que Mozilla en vient à défendre Google pour que Big G puisse continuer ce genre de pratiques, sinon quoi la survie de Firefox (via son financement) serait menacée directement. Paradoxe de la compétition en effet. Bref, vivement que Mozilla puisse être plus tranquille financièrement, et idéalement pas en vendant de l’IA ou des produits inutiles ou en prenant des décisions qui ont l’air au mieux absurdes au pire effrayantes, et aussi je voudrais la paix dans le monde et un poney, ce sera tout, un café et l’addition merci.

ok bon, alors on va où, on fait quoi ?

Les plus malin·gnes auront lu le titre de l’article, et les plus pressé·es pourront aller au sous-titre suivant. En attendant, un peu d’état de l’art sur les navigateurs existants.

Si vous êtes sur un MacOS ou un iOS, je pense assez sincèrement qu’Apple fait un bon boulot de protection de la vie privée avec Safari, et ça peut être une solution satisfaisante, si vous ignorez le fait que l’entreprise cherche à tout prix à vous enclaver dans son jardin doré, et fera tout pour éviter de vous faire voir ailleurs. Après tout, une application Web, c’est une application qui n’est pas dans l’App Store d’Apple, et qui donc ne rapporte pas d’argent à Apple, pourquoi s’embêter à soutenir une telle plateforme 😏

Et sinon, eh bien on ne va pas aller chez Chrome non plus, hein. Ce serait comme dire « ohlala la démocratie est en danger en France, si c’est comme ça je me casse en Chine / Corée du Nord / États-Unis[3] ».

Émerge donc un besoin de cohérence, pour moi : je veux continuer à utiliser Gecko, le moteur de rendu de Firefox, et je veux continuer à utiliser un navigateur qui protège ma vie privée (et ne s’engouffre pas dans l’IA à la première occasion). Il existe bien des variantes de Firefox (forks) dans le monde du libre : IceCat (anciennement IceWeasel), LibreWolf me viennent à l’esprit, mais il en existe également d’autres d’après cette page Wikipédia. Ces forks ont tendance à réutiliser principalement les mêmes concepts de navigateurs tels que nous les connaissons, et s’évertuent à supprimer les fonctionnalités dont l’impact est considéré comme étant néfaste vis-à-vis de la vie privée : télémétrie, toutes les méthodes directes ou indirectes de tracking même si c’est pour Mozilla, IA intégrée, et j’en passe et des meilleures.

D’aucuns disent à juste titre qu’abandonner Firefox pour aller sur un fork, c’est comme arrêter de boire de l’eau du robinet et ne consommer que l’eau mise en bouteille par le voisin un peu conspi et réac. Il y a effectivement un risque inhérent que les devs de ces projets s’amusent à mettre en place des bouts de code malveillants dans leur projet, ou le fassent par inadvertance. Le résultat est le même : les utilisateur·ices de ces forks seraient alors mis en danger, et l’utilisation d’un navigateur alternatif serait même contre-productive quant à l’intention initiale de mieux protéger sa vie privée des caprices des créateur·ices de Firefox. Mais la même question se poserait vis-à-vis de Firefox lui-même, si l’on ne savait pas que ce dernier est maintenu par la vénérable entreprise Mozilla ; la question de la confiance en le code est réglée, au vu des principes de l’entreprise. Ou « était » réglée ? L’intégration d’outils d’IA pourrait relever d’une trahison au niveau du code (la recette de fabrication de Firefox), remettant justement en question la confiance accordée par les utilisateur·ices. Je ne tiens pas à plonger dans l’aspect philosophique de la question. Pour moi, le fait que Firefox ou ses forks soient open-source garantit qu’il n’y aura pas de mauvaise surprise, parce que des gens plus paranoïaques que moi vont vérifier que le code ne fait pas n’importe quoi, à plus ou moins grande échelle. Cependant, même avec les plus belles intentions du monde, il est important que ces forks se remettent à jour sur Firefox régulièrement et rapidement. Je reviens là-dessus plus bas.

Illustration BD de LibreWolf par le talenteux David Revoy

Pour un usage général, je pense que l’option LibreWolf ferait très bien le boulot : pas d’intégration d’outils de protection de la vie privée qui rendraient l’usage imbitable pour des néophytes, des bons choix par défaut, très sensés, recommandé dans le dessin ci-dessus par le brillant David Revoy, bref, c’est Très Bien/10.

pendant ce temps-là, à Vera Cruz,

Pendant ce temps-là, donc, du côté des navigateurs pas open-source et conçus par des entreprises qui veulent engranger de la Grosse Caillasse™, il y a un petit nouveau, nommé Arc Browser. Bien entendu, basé sur Chrome. Mais qui apporte un peu de renouveau et de fraîcheur dans le monde des navigateurs. Par exemple, cette barre d’onglets verticale sur le côté, sans barre d’URL au dessus du site, pour une esthétique assez minimaliste, qui donne toute la place au site. Des espaces différents, avec des répertoires d’onglets, pour contenir et regrouper les innombrables onglets ouverts navigués dans des contextes différents, et limiter l’expansion de la charge cognitive de tout avoir sous les yeux tout le temps. La possibilité de découper la vue de la page en deux, pour pouvoir naviguer sur deux sites différents, côte-à-côte.

Capture d’écran du navigateur Arc

Miam miam ; enfin un peu d’innovation dans les navigateurs, qui n’est pas sans rappeler le navigateur Vivaldi (aussi basé sur Chrome 🥲). Au final, quels sont ses défauts, pour moi ? D’une part il est basé sur Chrome, et participe de l’hégémonie de son moteur de rendu. D’autre part, il est maintenu par une entreprise qui injecte de l’IA à toutes balles dans la version mobile du navigateur. Enfin, il n’est pas disponible sous Linux, système d’exploitation que j’affectionne tout particulièrement pour l’utiliser au quotidien 🤓

la lettre d’amour (rohlala enfin, on n’en pouvait plus)

Et c’est là qu’entre en jeu notre seigneur et sauveur[4] le Zen Browser. Pas besoin de tergiverser, vu que sa conception semble directement inspirée d’Arc, il contient peu ou prou les mêmes fonctionnalités, et même mieux :

  • Ce navigateur est basé sur Firefox et donc Gecko. En soi, il soutient donc indirectement la puissance technologique de Mozilla. Plus pragmatiquement, il est compatible avec l’écosystème d’addons Firefox (si vous n’avez pas encore installé uBlocks, allez-y, prenez votre temps, je vous attends tranquillement ici) et permet de se synchroniser avec un compte Mozilla classique (pour partager ses favoris / mots de passe etc. avec les autres instances de Zen Browser… ou de Firefox !).
  • Il est disponible sur Linux, MacOS et Windows, donc globalement partout.
  • Il y a donc une barre d’onglets verticale, sur le côté, qui laisse toute la place au contenu. Pas de barre d’URL en haut ; celle-ci existe bien, mais elle est plus discrète, en haut de la pile des onglets. Il est même possible de déplacer cette barre d’onglets sur la droite de l’écran. J’adore ça, personnellement, puisque ça donne la place principale sur mon écran pour l’application Web que je suis en train de regarder, et ça a même tendance à me faire croire que l’application Web est en fait une app native.
  • En appuyant sur Ctrl+Alt+C, j’enclenche le mode compact, qui cache même cette barre d’onglets, pour n’avoir vraiment plus que le site en face des yeux. C’est très reposant et très zen (j’approuve le nom de facto).
  • Il est aussi possible d’épingler des sites favoris, ce qui va n’afficher que leur icône, en très gros, tout en haut de la barre d’onglets. Idéal pour les sites sur lesquels je reviens souvent, notamment le tchat Matrix, mes emails, le lecteur musical etc.
  • Le navigateur essaie très activement de décharger automatiquement les onglets, notamment ceux qui n’ont pas été visités depuis un petit moment (alors que le navigateur était ouvert). Dans la barre d’onglets verticaux, il est même possible de séparer les onglets qui ne doivent pas être déchargés (au dessus d’une petite barre horizontale) de ceux qui peuvent l’être à n’importe quel moment (en dessous de cette même barre horizontale). Autant vous dire que la mémoire vive (RAM) de votre ordinateur appréciera 🥰
  • La gestion des onglets en espaces permet de compartimentaliser et de séparer les différents contextes liés à des onglets. Après quelques semaines d’utilisation sur cette machine, j’ai 3 espaces : un pour la navigation « au quotidien » que j’essaie de vider régulièrement, un pour Kresus (🎶 un gestionnaire de finances personnelles libre, qu’il est trop bien 🎶) avec des liens vers des merge requests à relire ou finir, un pour des pages et sites que j’aimerais lire ou explorer plus tard, mais moins prioritaires.
  • Le découpage de la vue en plusieurs sous-vues (split view) est hyper pratique pour consulter deux pages en même temps. On clique sur deux onglets (ou plus), puis par exemple on presse Ctrl+Alt+V pour les afficher côte-à-côte verticalement. Dans mes cas d’utilisation récurrents, je noterai le fait de prendre des notes (dans Silverbullet par exemple) pendant que je regarde une vidéo instructive sur Youtube (et oui) ; ou de faire une comparaison de deux sites au niveau de leur contenu. Il est possible de découper la vue jusque 4 fois, donc j’imagine aussi bien un cas d’usage de tableau de bord avec plein de sites importants qu’on veut garder sous les yeux.
    image.png
  • L’une de mes fonctionnalités favorites, c’est l’ouverture d’un lien en mode aperçu (glance). Pour cela, on clique sur un lien en maintenant pressé Alt. Cela ouvre une plus petite vue de ce site au-dessus du site que l’on visite, et cette petite vue peut être fermée via une presse de la touche Échap ou en cliquant en dehors de cette vue ; ce qui nous ramène au site précédent. Il est également possible d’étendre une vue aperçu en un véritable onglet, pour naviguer plus normalement dessus. Ça ne paraît pas grand chose comme ça, mais pour moi c’est très très utile : souvent je suis sur des sites avec beaucoup de liens, et j’en suis parfois certains pour aller voir ce qui se trame derrière, avant de revenir au site. Avec ce mode d’aperçu, je reste dans le contexte de ce que je regardais avant, et je passe moins de temps à jongler entre plein d’onglets ; je n’ai qu’un seul onglet ouvert tout du long de ma navigation.
    image.png
  • Le fork est maintenu par des passionné·es, pas par une entreprise ; ce qui pourrait être un désavantage, mais l’activité autour du projet est très élevée. D’une part, beaucoup de commits récents dans l’historique du dépôt de code
  • …Et ce qui est le plus important, selon moi : les mises à jour de rattrapage de Firefox sont hyper rapides. Le problème est le suivant, quand vous maintenez un navigateur basé sur Firefox, il est nécessaire de récupérer régulièrement les changements de votre projet source (on parle d’upstream), ici Firefox, afin de les intégrer dans votre projet. Si ce n’est pas fait assez rapidement, vous risquez très rapidement d’utiliser un logiciel qui a des failles de sécurité rendues publiques. Or, de ce que j’observe, les devs de Zen Browser ont tendance à intégrer les nouvelles versions de Firefox très vite ; la dernière version de Firefox (la 138.0.1) est sortie le 1er mai, la version correspondante de Zen Browser (basée sur la 138.0.1) est sortie le 3 mai (voire le soir du 2 mai). Pour moi, c’est gageure de qualité, d’autant plus que c’est donc maintenu par des gens qui font ça sur leur temps libre, pour le plaisir, c’est particulièrement honorable 🙏

oui mais quid de ceci, Benjamin, quid de cela ?

Ohlala je vous vois arriver avec vos gros sabots. Non, le Zen Browser n’est pas parfait, et c’est OK. Oui, c’est risqué qu’un navigateur, un des logiciels les plus centraux dans nos utilisations bureautiques modernes, soit maintenu par une poignée de gentils geeks avec trop de temps libre. Oui, Firefox pourrait sûrement faire la même chose avec 15 personnalisations de about:config, un thème personnalisé en CSS et une plâtrée d’addons [5]. Je reviendrais sûrement sur Firefox, si jamais l’activité autour de Zen Browser venait à diminuer, ou bien au premier mouvement de drague à destination de l’IA, ou bien à la première faille de sécurité pas ou mal gérée.

En attendant, c’est rafraîchissant d’avoir de nouveau du plaisir à utiliser un navigateur Web moderne, avec des fonctionnalités innovantes, tout en ne faisant aucun compromis sur ma vie privée. J’utilise maintenant Zen Browser depuis quelques semaines sur une machine, et je suis tout bonnement ravi, au point que je pense l’installer un peu partout rapidement, en complément/remplacement de Firefox.

J’ai tendance à être de moins en moins prosélyte quant à l’utilisation de logiciels, libres ou non. Chacun·e fait bien comme iel veut, on ne part pas toustes du même endroit, on a bien le droit de prioriser d’autres sujets avant celui de l’utilisation de tel ou tel logiciels. Mais c’est une des premières fois depuis un moment que je remarque un logiciel libre si cool et innovant que j’adore l’utiliser, que j’ai envie d’en parler et de vous le partager ; voilà qui est chose faite 😊 Pour télécharger le navigateur Zen Browser, c’est par ici. Si comme moi vous êtes fans, n’hésitez-pas à soutenir le développement avec un don !


  1. bac +5 les enfants, comme disait le cowboy

  2. j’emploie des guillemets ici, parce qu’il me semble que le terme a une signification bien précise aux USA, mais ce n’est pas celle que j’utilise ici.

  3. too soon 🥲

  4. roh le cliché de libriste, c’est moche.

  5. il y a quelques semaines j’ai essayé de supprimer la barre d’URL en haut de Firefox pour la cacher, ou ne l’afficher qu’au survol ; sachez qu’il n’existe pas de solution officielle, et toutes les solutions officieuses (à base de Greasemonkey ou autres billevesées) sont fragiles comme un égo de mec.


Afficher l’article complet

  • Ldfa a modifié le titre en Une lettre d'amour pour le Zen Browser by Benjamin Bouvier

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
×
×
  • Créer...

Information importante

Nous avons placé des cookies sur votre appareil pour aider à améliorer ce site. Vous pouvez choisir d’ajuster vos paramètres de cookie, sinon nous supposerons que vous êtes d’accord pour continuer.